viernes, 11 de julio de 2014

EL SONETO IRREGULAR EN LA POESÍA FRANCESA

Entre los franceses se llaman sonetos «regulares» (normales u oficiales) a los que solamente respetan los modelos creados por Clément Marot (Marótico: ABBA-ABBA-CCD-EED) y Jacques Pelletier du Mans(Francés propiamente dicho: ABBA-ABBA-CCD-EDE).
Sin embargo, y desde su introducción en Francia, el soneto ha pasado por distintas fases modificatorias: variación en los cuartetos, los tercetos o bien en el número de las rimas, es decir, utilización de más o menos de las cinco con que cuenta un soneto regular (A-B en los cuartetos; C-D-E, en los tercetos). Otra irregularidad está dada por la alteración de la secuencia 4-4-3-3.
Este soneto que se aparta de los modelos aceptados se considera «irregular».

Ahora nos abocaremos a nombrar a algunos poetas que, aparte de seguir los modelos petrarquista, marótico y francés, también ensayaron por su cuenta variaciones en la estructuración del soneto en la poesía francesa. (1)


1) Mellin de SAINT-GELAIS, 1487-1558


ABAB-BCCD-DEE-FEF
ABBA-ABBA-CDC-EDE
ABBA-ABBA-CDC-DDC
ABBA-ABBA-CDC-DEE
ABBA-ABBA-CCD-CCD
ABBA-ABBA-CDD-CEE


Sonnet de Monseigneur le Daulphin

Vous que second la noble France honore,
Pouvez cueillir par ces prez florissans
Oeilletz pour vous seul s'espanouyssans,
Escloz ensemble avec la belle Aurore;

Pour vostre front le rosier se colore,
Dont les chappeaux si hault lieu cognoissans,
Forment boutons de honte rougissans,
Sçachant que mieulx vous appartient encore.

Ceincte de liz la blanche Galathee
Ses fruictz vous garde, en deux paniers couvertz,
L'un d'olivier, l'aultre de lauriers vertz.

Ainsy chantoit des Nymphes escoutee
La belle Eglé, dont Pan oyant le son
Du grand Henry l'appella la chanson.



2) Clément MAROT, 1496-1544

ABBA-ACCA-DDE-FEF


Retirez-vous, bestiaulx eshontez

Retirez-vous, bestiaulx eshontez,
Qui pour la faim de l’appetit des bestes,
Et non d’amour, entreprenez vos questes,
Retirez-vous, par l’aveugle domptez.

Mais, vous, humains desquelz les vouluntez
Tendre on ne voit qu’a la fin bienheureuse,
Lisez, lisez en ceste oeuvre amoureuse,
Pour mieulx congnoistre et beautez et bontez.

Puis, congnoissans ce qui vous en default,
Vous sentirez vous eslever en hault,
Par un amour a voller tant adroict,

Ayant laissé en bas la pasion,
Qu’il vous mettra justement a l’endroict
De l’unité, pour delectation.



3) Jean DORAT, 1508-1588

ABBA-ABBA-CDD-CDD
ABBA-ABBA-CDD-CCD
ABBA-ABBA-ACC-ACC
ABBA-ACCA-DDE-DDE


Sur la louange de la Paix (Soneto Nº 8)

Pour bien chanter de Paix et dire ses louanges
Aucun esprit ou voix humaine ne suffit:
Il nous faut rechanter ce que naissant le Christ,
Ce tresgrand Roy de Paix, chantoient au ciel les Anges.

Gloire soit au plus hault par les chans des Archanges
Au Dieu seul, qui jadis et ciel et terre feit:
Mais soit en terre Paix à tout homme qui meit
Ses pensées en Dieu de toute fraude estranges.

Ainsi nous faut la Paix et louer et chanter,
Ainsi nous faut les cueurs doucement enchanter
De ceux, qui hayent Paix et desirent la guerre.

Car tout le plus grand bien qu'on puisse souhaiter,
Pour ou l'esprit divin ou humain contenter,
Est au ciel gloire à Dieu, aux humains Paix en terre.



4) Pontus de TYARD, 1521-1605

ABBA-ABBA-CCD-DCD
ABBA-ABBA-CCB-DDB
ABBA-ABBA-CDA-CDA
ABBA-ABBA-AAC-DDC
ABBA-ABBA-CCD-DEE


Épigramme de la fontaine de Narcisse

Narcisse aime sa soeur, sa chère soeur jumelle,
Sa soeur aussi pour lui brûle d'ardeur extrême;
L'un en l'autre se sent être un second soi-même:
Ce qu'elle veut pour lui, il veut aussi pour elle.

De semblable beauté est cette couple belle,
Et semblable est le feu qui fait que l'un l'autre aime,
Mais la soeur est première à qui la Parque blême
Ferme les jeunes yeux d'une nuit éternelle.

Narcisse en l'eau se voit, y pensant voir sa soeur;
Ce penser le repaît d'une vaine douceur,
Qui coulée en son coeur, lui amoindrit sa peine.

De lui son nom retint l'amoureuse fontaine,
Dans laquelle reçoit, quiconque aimant s'y mire,
Quelque douce allégeance à l'amoureux martyre.



5) Joachim du BELLAY, 1522-1560

ABBA-ABBA-BAB-ABA 
ABBA-ABBA-CDC-EED 

 
Soneto XXXVI (L’Olive)

L’unic oiseau (miracle emerveillable)
Par feu se tue, ennuyé de sa vie,
Puis quand son ame est par flammes ravie,
Des cendres naist un autre à luy semblable.

Et moy qui suis l’unique miserable,
Faché de vivre une flamme ay suyvie,
Dont conviendra bien tost, que je devie,
Si par pitié ne m’etes secourable.

O grand’doulceur ! ô bonté souveraine!
Si tu ne veulx dure, et inhumaine estre
Soubz ceste face angelique, et seraine,

Puis qu’ay pour toy du Phenix le semblant,
Fay qu’en tous poinctz je luy soy’resemblant,
Tu me feras de moymesme renaistre.



6) Pierre de RONSARD, 1524-1585

ABBA-ABBA-CDD-CDC
ABBA-ABBA-CCD-BBD
ABBA-ABBA-CCB-DBD
ABBA-ABBA-CCD-BDB
ABBA-ABBA-CAC-AAC
ABBA-ABBA-CAC-ACA
ABAB-ABAB-CCD-EDE
ABAB-BABA-CCD-EED
ABAB-BABA-CDC-DEE
ABBA-ACCA-DDE-FFE
ABBA-CBBC-DDE-FFE
ABBA-ABBA-CCA-DDA
ABAB-BAAB-CCD-EED


Soneto 10 (Amours de Marie)

Marie, en me tanceant vous me venez reprendre
Que je suis trop leger, et me dites tousjours,
Quand j’approche de vous que j’aille à ma Cassandre,
Et tousjours m’appellez inconstant en amours.

«L’inconstance me plaist : les hommes sont bien lours
«Qui de nouvelle amour ne se laissent surprendre:
Qui veut opiniastre une seule pretendre
N’est digne que Venus luy face de bons tours.

Celuy qui n’ose faire une amitié nouvelle,
A faute de courage, ou faute de cervelle,
Se défiant de soy que ne peut avoir mieux.

Les hommes maladifs, ou mattez de vieillesse
Doivent estre constans : mais sotte est la jeunesse,
Qui n’est point esveillée et qui n’aime en cent lieux.



7) Rémy BELLEAU, 1528-1577


ABBA-CDDC-EEF-GGF
ABBA-BAAB-CCD-EED


Que me vaut de tracer par les sentiers divers

Que me vaut de tracer par les sentiers divers
Des rochers & des mots en mainte & mainte forte,
Si tousjours pour compagne en mes malheurs je porte
Vne poison qui brufle & mes os & mes nerfs?

Peu fert le vol hafté d'une secoufle forte
De l'oiseau qui nourrift en plume feux couvers,  
Peu vaut le pie léger de la Biche au travers
Des flâcs qui porte un plôb iufqu'à tant qu'ell' foit morte.

L'oiseau brufle en volant, & tant plus de son aelle
Il branle les cerceaux, & plus il amoncelle,
Et fait croiftre le feu qui le meine au trefpas:

La Biche en s'efforçant de s'eflancer, eflance
La mort qu'ell' porte au flanc : & moy si je m'avance
le redouble ma mort en redoublant mes pas.



8) Jean-Antoine de BAÏF, 1532-1589

ABBA-ABBA-CDD-ECE
ABBA-ABBA-BBC-DCD
ABBA-ABBA-CDC-BDB
ABBA-ABBA-CBC-DBD
ABBA-ABBA-CCD-AAD
ABBA-ABBA-CAC-DAD
ABBA-ABBA-CBC-BCB
ABAB-ABAB-CCD-EED
ABAB-ABAB-CDC-EDE
ABBA-ACCA-DED-FEF
ABBA-ACCA-DEF-DEF
ABBA-ACCA-DDA-EEA
ABBA-ACCA-DED-AEA
ABAB-ACAC-DED-FEF
ABBA-CBBC-DED-EDE
ABBA-CDDC-EFF-EGG
ABBA-CDDC-EFG-EFG
ABBA-CDDC-EFE-FEF
ABBA-CDDC-EFE-DFD
ABBA-CDDC-EFE-BFB
ABAB-CDCD-EFE-GFG
ABBA-CDDC-EFE-GFG


Comme le papillon, par une clarté belle

Comme le papillon, par une clarté belle
Doucement convié à voler dans le feu,
Virevolte à l'entour de la beauté deceu,
Tant de fois qu'à la fin il meurt sur la chandelle;

Et bien qu'il ait senti la brûlure cuisante,
Si ne laisse-t-il pas d'y revoler tousjours.
Cuidant vaincre à la fin par maints et maints retours
L'ardeur, pour y jouir de la beauté plaisante.

Mais le pauvret y va par tant et tant de fois
Qu'il y demeure pris jusqu'à perdre sa vie.
Cruelle belle, ainsi défaire tu me dois!

Ainsi, me promettant jouir de ta beauté,
Mon amour envers toi sera tant poursuivie
Qu'enfin je sentirai la seule cruauté.



9) Philippe DESPORTES, 1546-1606

ABAB-ABBA-CCD-EDE
ABBA-ABAB-CDC-DCD
ABBA-ABAB-CCD-ADA
ABBA-ABAB-CCD-EED
ABAB-ABBA-CCD-EED
ABAB-BAAB-CCD-EDE
ABAB-BABA-CCD-EDE
ABBA-ABAB-CCD-EDE
AABB-AACC-DDE-FEF


Du portrait du Sieur de Vandes

Amour, advisant ce portrait,
Tout soudain le perça d’un trait,
Pour se vanger de flammes saintes,
Qui les siennes avoient estaintes.

«Tu as mon ouvrage deffait,
Dit le peintre; Amour, qu’as-tu fait,
Laissant le vif, et la sagette
Perdant sur l’image muette.»

Amour respond: «Je n’y puis rien;
Rien n’y sert mon arc, mon lien;
Si je l’approche, il faut me rendre.

Pour son art, ses vers et sa voix,
Au lieu d’un que je pense prendre,
Je deviens esclave de trois.»



10) François de MALHERBE, 1555-1628

ABAB-CDCD-EEF-GFG
ABBA-CDDC-EEF-GFG
ABAB-CDDC-EEF-GFG


Au feu roi

Mon roi, s'il est ainsi que des choses futures,
L'école d'Apollon apprend la vérité,
Quel ordre merveilleux de belles aventures
Va combler de lauriers votre postérité!

Que vos jeunes lions vont amasser de proie,
Soit qu'aux rives du Tage ils portent leurs combats,
Soit que de l'Orient mettant l'empire bas
Ils veuillent rebâtir les murailles de Troie.

Ils seront malheureux seulement en un point:
C'est que si leur courage à leur fortune joint
Avait assujetti l'un et l'autre hémisphère:

Votre gloire est si grande en la bouche de tous,
Que toujours on dira qu'ils ne pouvaient moins faire,
Puisqu'ils avaient l'honneur d'être sortis de vous.



11) François MAYNARD, 1582-1646

ABBA-ABBA-CDE-FEF
ABAB-CDCD-EEF-GGF


Que j'aime ces forêts!

Que j'aime ces forêts ! que j'y vis doucement!
Qu'en un siècle troublé j'y dors en assurance!
Qu'au déclin de mes ans j'y rêve heureusement!
Et que j'y fais des vers qui plairont à la France!

Depuis que le village est toutes mes amours,
Je remplis mon papier de tant de belles choses,
Qu'on verra les savants après mes derniers jours,
Honorer mon tombeau de larmes et de roses.

Ils diront qu'Apollon m'a souvent visité,
Et que, pour ce désert, les Muses ont quitté
Les fleurs de leur montagne, et l'argent de leur onde.

Ils diront qu'éloigné de la pompe des rois,
Je voulus me cacher sous l'ombrage des bois
Pour montrer mon esprit à tous les yeux du monde.



12) Honorat de Bueil, Marqués de RACAN, 1589-1670

ABBA-CDCD-EEF-GFG


À Monseigneur le Duc de Guise
Sur la mort de Monseigneur le chevalier son frère
.

Prince, l’heur de la paix et la foudre des armes,
Si pour verser des pleurs l’on rachetoit des morts,
Nous eussions fait enfler la Seine outre ses bords,
Espanchant pour ton frere un deluge de larmes.

Il est vray que ses jours sont bien-tost limitez;
Mais tel est icy bas l’âge des belles choses,
Les destins sont jaloux de nos prosperitez,
Et laissent plus durer les chardons que les roses.

Croy-moy, donne à ton mal un sage reconfort,
Et, cessant desormais de te plaindre du sort,
Deffends à ta douleur cette perseverance;

Ou, si tu veux avoir un legitime ennuy,
Soupire avecque nous le malheur de la France,
Qui n’aura jamais rien qui soit pareil à luy.



13) Paul SCARRON, 1610-1660

ABBA-BAAB-CCD-EDE


De plaideurs, de marchands, & de clercs entouré

De plaideurs, de marchands, & de clercs entouré
Au troisième pilier qui soutient la grand'salle.
Le grammairien Boileau tous les matins étale
Quelque Madrigalet de lui seul admiré.

Un ami généreux, de vertu sans égale, 
Fut par l’ Iscariot lâchement déchiré;
Et Costar de ses traits qui piquent si serré,
Piqua l'infâme auteur d'une action si sale.

L'avocat réformé blasphéma, s'emporta,
Et de tous ses amis le secours emprunta,
Ne pouvant rien tirer de son esprit de ronce:

Mais on servit si mal ce malheureux garçon,
Qu'il fit deux ans entiers attendre sa réponse, 
Que l'on ne crut jamais être de sa façon.



14) Bernard Le Bovier de FONTENELLE, 1657-1757

ABAB-CDCD-AAE-FEF


Sonnet de Monsieur de Fontenelle à une de ses Amies
qui l’avoit prié de luy apprendre l’Espagnol

Parce que l’Espagnol est une langue fiere,
Je vous le dois apprendre ? Et bien soit, commençons;
Mais ce que je demande à ma belle Ecoliere,
C’est de me servir jamais de mes Leçons.

Déja fierement vostre amie indifferente
Oppose à mon amour qu’il ne faut point aimer,
Que mesme en espagnol, y fussiez-vous sçavante,
Vous auriez de la peine à vous mieux exprimer:

Croyez-moy, le François vaut bien qu’on le préfere
À la rude fierté d’une Langue Etrangere.
De ce qu’il a de libre empruntons le secours.

Mais que de son costé l’Espagnol se console ;
Car ne pouvons-nous pas mesler dans nos amours,
Et liberté Françoise, & constance Espagnole?



15) Alexis PIRON, 1689-1773

ABAB-ABAB-CCD-BDB


Ingénieux bouts rimés, donnés par La Motte et remplis
mille et mille fois.

Que de balivernes….. Voilà,
Avec la diable d’ ……Isabelle
Ta rime en sa, ta rime en… La
Corbleau, tu nous la bailles… Belle.

Mon tonneau serait bu ….. Déjà.
Vois ce vin, comme il ….. Étincelle:
Tope à Catin qui le vers…. Sa,
Hem! Est-ce du jus de …. Prunelle?

Donne: j’en prends tant qu’on m’en … Offre:
Rasade encor? Que je la …. Coffre.
Halte-là! Ma foi je suis …. Plein.

Comme un feuillet de la …. Pucelle,
Un coup m’endormirait …. Soudain;
Sortons… non, restons, je … Chancelle.



16) François-Marie de VOLTAIRE, 1694-1778

ABBA-BABA-CCD-CDC
ABBA-CDCD-EFE-FEF


Les Souhaits

Il n'est mortel qui ne forme des voeux:
L'un de Voisin convoite la puissance;
L'autre voudrait engloutir la finance
Qu'accumula le beau-père d'Évreux.

Vers les quinze ans, un mignon de couchette
Demande à Dieu ce visage imposteur,
Minois friand, cuisse ronde et douillette
Du beau de Gesvre, ami du promoteur.

Roy versifie, et veut suivre Pindare;
Du Bousset chante, et veut passer Lambert.
En de tels voeux mon esprit ne s'égare:

Je ne demande au grand dieu Jupiter
Que l'estomac du marquis de La Fare,
Et les c...ons de monsieur d'Aremberg.



17) Alfred de VIGNY, 1797-1863

ABAB-ABAB-CCD-CCD
ABBA-ACCA-DED-DED


L'esprit parisien

Esprit parisien! démon du Bas-Empire!
Vieux sophiste épuisé qui bois, toutes les nuits,
Comme un vin dont l'ivresse engourdit tes ennuis,
Les gloires du matin, la meilleure et la pire;

Froid niveleur, moulant, aussitôt qu'il expire,
Le plâtre d'un grand homme ou bien d'un assassin,
Leur mesurant le crâne, et, dans leur vaste sein,
Poussant jusques au coeur ta lèvre de vampire;

Tu ris ! —Ce mois joyeux t'a jeté trois par trois
Les fronts guillotinés sur la place publique.
—Ce soir, fais le chrétien, dis bien haut que tu crois.

A genoux ! roi du mal, comme les autres rois !
Pour que la Charité, de son doigt angélique,
Sur ton front de damné fasse un signe de croix.



18) Charles-Augustin SAINTE-BEUVE, 1804-1869

ABBA-BABA-CCD-EED


Sonnet

Avignon m’apparaît dans sa charmante enceinte
D’un joli, grave encor, d’un sérieux mignon;
Si bien que l’on dirait, sans jouer sur le nom,
Que Mignard, d’après Rome, en copiant l’a peinte,

(Ce Mignard le Romain aimait fort Avignon):
Jolis remparts sans louve, un Vatican sans crainte,
Pour Tibre le grand Rhône, orageux compagnon,
Mais aussi la Durance; et puis Laure pour sainte.

C’est du romain plus tendre, en Provence il est né;
C’est du romain venu près du bon roi René.
Des papes sommeillants le tombeau rit encore;

Et mon sonnet léger et pourtant attendri
N’est qu’un feston de plus sur leur marbre fleuri,
Une perle de plus dans ta couronne, ô Laure!



19) Alfred de MUSSET, 1810-1857

ABBA-BAAB-CDD-CCD
ABBA-ABAB-CDC-CDD
ABBA-ABAB-CCD-AAD
ABAB-ABBA-CDC-DDC
ABAB-BAAB-CCD-CCD
ABAB-ABAB-CDD-CEE
ABAB-ABAB-CDC-CCD
ABAB-ABAB-CCD-CDC
ABAB-BABA-CCD-DCD
ABAB-BABA-CDC-CDC
ABBA-BBAA-CDD-CDC
ABAB-AABB-CCD-EED
AABB-ABAB-CCD-EED
AABB-BAAB-CDC-CDD
ABBA-CCDD-EEF-GFG
ABAB-ABBA-CCA-DDA


Béatrix Donato...

Béatrix Donato fut le doux nom de celle
Dont la forme terrestre eut ce divin contour.
Dans sa blanche poitrine était un coeur fidèle,
Et dans son corps sans tache un esprit sans détour.

Le fils du Titien, pour la rendre immortelle,
Fit ce portrait, témoin d'un mutuel amour;
Puis il cessa de peindre à compter de ce jour,
Ne voulant de sa main illustrer d'autre qu'elle.

Passant, qui que tu sois, si ton coeur sait aimer,
Regarde ma maîtresse avant de me blâmer,
Et dis si, par hasard, la tienne est aussi belle.

Vois donc combien c'est peu que la gloire ici-bas,
Puisque tout beau qu'il est, ce portrait ne vaut pas
(Crois-m'en sur ma parole) un baiser du modèle.



20) Théophile GAUTIER, 1811-1872

ABBA-ABBA-CDC-CDD  (²)


Parfois une Vénus, de notre sol barbare,

Parfois une Vénus, de notre sol barbare,
Jaillit, marbre divin, des siècles respecté,
Pur, comme s’il sortait, dans sa jeune beauté,
De vos veines de neige, ô Paros ! ô Carrare !

Parfois, quand le feuillage à propos se sépare,
En la source des bois luit un dos argenté,
De sa blancheur subite et de sa nudité
Diane éblouit l’œil du chasseur qui s’égare.

Dans Stamboul la jalouse, un voile bien fermé
Parfois s’ouvre, et trahit sous l’ombre diaphane
L’odalisque aux longs yeux que brunit le surmé.

Mais toi, le même soir, sur ton lit parfumé,
Tu m’as fait voir Vénus, Zoraïde et Diane,
Corps de déesse grec à tête de sultane.









Muchos de estos esquemas rítmicos ensayados por los poetas aquí nombrados no sólo fueron recogidos por sus colegas contemporáneos, sino también por poetas posteriores.
Por ejemplo, el esquema ABAB-CDCD-EEF-GGF de Maynard fue empleado también por Scarron, Isaac de Benserade, Molière, Jean Baptiste Rousseau y por Charles Baudelaire, entre otros.



















________________________________
(1) Fuente: The Sonnet in French Literature, 1897, Everett W. Olmsted.

(²) Si bien esta fórmula fue usada por Gautier, se recordará que pertenece a la poetisa Louise Labé que la empleó en el soneto cuyo primer verso es: "Je vis, je meurs: je me brule et me noye."